Parce qu'on a tous une histoire à raconter …

Claude POUX

  • L’homme est allongé sur le lit pliant qui semble ridicule pour cette grande carcasse musclée. Les yeux fixés au plafond, le corps détendu, reposé, pour une fois pas sur ses gardes, il laisse son esprit divaguer. Dans cette chambre mansardée, vivant comme un reclus dans les combles de ce vieil immeuble lyonnais caché dans la rue Charles Dullin, l’homme se souvient. Il revoit le visage de Laura, ses traits fins, cette expression décidée qu’elle arbore en permanence, cette lueur tranchante qu’elle a dans le regard lorsque les choses ne vont pas comme elle veut. Il se

    remémore leur rencontre il y a presque dix ans sur un quai de gare, cette sensation étrange qui l’avait fait ralentir en la croisant, comme si son corps se souvenait de l’avoir frôlé dans une vie antérieure. Il ne la connaissait pas et pourtant il la sentait si proche. Ils avaient échangé quelques mots, des banalités effrayantes. Puis, avant qu’elle ne s’éloigne, il lui avait demandé : - Où vas-tu ? - Nulle part, avait-elle répondu. Elle avait ensuite fait un signe de tête en direction d’un coin sombre au bout des quais où ses pas paraissaient la mener. - Et c’est par là … Lui qui n’avait ni Dieu ni diable, qui s’était juré de ne suivre

    la trajectoire de personne, de ne croire en rien et de ne faire confiance qu’en son propre jugement, il ne sait toujours pas pourquoi il l’avait suivie. Ils avaient fait l’amour dans le train de marchandises qui les emmenait dans la nuit étoilée, voyageurs clandestins pour la première fois ensemble. Elle était plus dure que lui. Dure au mal, dure aux souffrances. Lui, le légionnaire aguerri par quatre ans d’opérations commandos, d’inconfort, de défis physiques, de vexations et de dépassement de soi, n’avait jamais rencontré personne qui soit aussi endurant que Laura. Elle avait choisi de

    vivre en marge, mais avec ses propres règles et sans dépendre de qui que ce soit. Elle venait d’une famille qui n’en était pas une. Elevée par son père, dont les activités flirtaient sans cesse avec l’illégalité, mais sans qu’elle ait eut un doute pendant toute son adolescence, ne connaissant pas sa mère, elle avait vite été livrée à elle-même. Et la vie lui avait appris à se défendre seule. Y compris physiquement. Il revit cette allure androgyne, ses cheveux blonds très courts, l’impression de force qui se dégageait de cette femme de taille moyenne et mince. Son corps était musclé, il s’en était

    aperçu lors de leur première nuit dans le train. Quand elle faisait l’amour, elle voulait aussi avoir le dessus. Leurs étreintes furent souvent des rapports de force. Ils avaient vécu ainsi pendant trois ans, ayant besoin l’un de l’autre, ressentant le manque lorsqu’ils se séparaient. Ils s’étaient trouvés à un moment où chacun d’eux avait l’absolue nécessité d’une pause, d’un pan de tendresse dans une vie solitaire. Pour elle, il avait quitté la légion. Ils avaient parcouru des routes et des pays, des chemins étroits et des campagnes désertes. Et comme il fallait bien vivre, ils avaient commis quelques petits larcins.

    Le commissaire Franck Casta, chef de la PJ de Lyon, se retrouve avec deux cadavres sur les bras, dont l’un était un homme de main du patron de la pègre locale, Abernardo. Sam Deligne, son ami, responsable de la BRI, va le mettre sur la piste dans des circonstances dramatiques. Mais qui est cet ange gardien qui semble veiller sur le principal suspect et sur la jeune stagiaire de la PJ ? Quel rôle Sam avait-il joué des années auparavant au sein de la DST ? Pour Franck Casta, le massacre dans la capitale des Gaules va virer au cauchemar !

    Claude POUX Le silence des sentinelles

  • Jean-Charles Augustin avait la nausée. Une envie de vomir, peu importe où, mais de préférence vite. Son estomac était retourné, groggy d’alcool et saoulé de coups. Couché de tout son long dans le sous-sol de sa maison, il se sentait affreusement mal. Il était en train de vivre un cauchemar, en se demandant quand tout cela cesserait. Il se retourna difficilement, bascula sur le dos. La lumière du néon l’aveugla. Il mit une main devant ses yeux. Elle était sale et rougie par le sang. Bouger était une torture. Son corps était pris dans un étau de souffrances. Il distinguait tant bien que mal les

    murs, le plafond, quelques formes connues, son établi, les vélos, les pots de peinture vides dont il ne savait que faire. Il se rendit compte en déglutissant que sa langue remplissait toute sa bouche. Il crut d’abord qu’il avait quelque chose d’énorme sur le palais, puis il comprit que c’était sa langue. Il sentit des relents de nourriture, une odeur de sang séché, des effluves de fuel, un mélange qui lui donna un haut de cœur. Il cracha de la bile, puis dégueula presque sur lui, en se tournant aussi vite qu’il le put. La torsion lui arracha des plaintes silencieuses. Il ne pouvait crier, sa gorge bloquée. Ses jambes lui

    faisaient atrocement mal. Il pensa qu’elles devaient être cassées pour lui provoquer une telle douleur. Il entendit des rires à l’étage. Il commença à se souvenir de ce qui s’était passé. D’abord par bribes un peu floues, des visages, des voix, des voitures. Lentement il émergea du brouillard, se rappela l’accrochage, puis les deux types balafrés. Il essaya de bouger ses bras, parvint à ramper sur cinquante centimètres. Il avait du mal à respirer, mais s’accrocha à ce que lui dictait sa tête. Il souffla un moment, puis recommença. Tout lui revenait en mémoire maintenant, et son cerveau

    reprenait un cours normal, allumant des alertes partout dans son corps, réactivant la douleur, mais lui commandant également de se sortir de ce guêpier. Le mot survivre revenait comme un leitmotiv. Il sentait ses lèvres tuméfiées. Il posa un coude sur le sol et posa un doigt sur sa bouche. Ce geste lui rappela les matins de son enfance, quand il jouait avec sa mère dans le jardin familial, entre les arbres, les haies et les parterres de fleurs odorantes. Sa mère lui mettait ainsi un doigt contre sa bouche par jeu lorsqu’il venait se réfugier dans ses bras en riant. Ce souvenir lui donna la force de

    continuer. Il réussit à s’asseoir au bout de quelques minutes difficiles. Sous la lumière crue du sous-sol, il se regarda. Il n’avait, à priori, rien de cassé. A en juger par l’état de ses vêtements et ce qu’il ressentait, il avait été violemment frappé sur les jambes, dans l’estomac et sur la figure. Il avait du sang sur les mains, le visage et sur les mollets, d’après ce qu’il put voir en soulevant ses bas de pantalon. Jean-Charles Augustin se força à inspirer et souffler régulièrement, à retrouver un rythme cardiaque proche de la normale. Il entendit crier et rire aux éclats dans la maison.

    Après « Le silence des sentinelles Â», paru en 2008, Claude POUX nous plonge dans une histoire sanglante où les protagonistes sont sans foi, ni loi. Reprenant ses personnages principaux, Franck Casta et Sam Deligne, l’auteur tisse une intrigue haletante, sur fond de violence et de terreur. Les attentats et les meurtres se succèdent à un rythme effréné sous un soleil caniculaire, transformant Paris en une gigantesque scène de crime.…

    Claude POUX La dernière seconde avant de mourir

  • Le seul bruit était contenu dans les battements des pieds et des bras dans l’eau. À cette heure, en début d’après-midi, pas de cris ou de piaillements de gamins surexcités dans la piscine. Camille préférait le calme. Concentrée, elle alignait les longueurs de bassin, sans se désunir, glissant dans l’eau sans difficulté. L’eau était son élément, celui dans lequel elle s’épanouissait. Elle passait des heures dans cette piscine, le plus souvent dans le milieu de l’après-midi, aux heures où l’affluence était moindre. Nageant presque deux heures, sans se fatiguer, elle sortait au contraire ragaillardie, la tête vidée

    des scories des jours précédents, loin, si loin de la traque nocturne à laquelle elle se livrait. Depuis le temps qu’elle pratiquait la natation, elle avait acquis une science de la glisse et de la respiration phénoménale, à tel point que plusieurs fois, elle fut sollicitée par des clubs. Camille sortit de l’eau, rejoignit les vestiaires. Elle attirait volontiers les regards, à cause de ses cheveux rasés et du tatouage qui occupait tout son dos. Malgré le maillot une pièce, une partie du tatouage était visible. Heureusement que personne ne le voyait, ne pouvant deviner ce qu’il représentait. Elle prit une

    douche pour se rincer, puis choisit une cabine afin de se changer. Son corps était apaisé, comme si on l’avait mis au repos. C’étaient les seuls moments, dans ces vestiaires de piscine où elle se défaisait de sa cuirasse. Oubliant sa nervosité, ses angoisses, Camille s’abandonnait à une sorte de méditation, en tout cas un état semi-comateux qui la faisait flotter. Elle restait dix minutes sans aucune pensée, bercée par une musique intérieure qu’elle fredonnait parfois. Quand elle se leva, son esprit purifié par cette remise à zéro, la vie lui parut simple.

    Le temps qu’elle mette les pieds dehors et que l’agitation de la rue la ramène à la réalité.

    NAZCA est un roman noir qui fait suite aux deux précédents polars de Claude Poux : « Le silence des sentinelles » paru en 2008 et « La dernière seconde avant de mourir » en 2011.
    Octobre 2014 – Une jeune prostituée polonaise est torturée dans un bel appartement parisien. Franck Casta, de la PJ parisienne et son adjoint, le lieutenant Bérénice Syvo sont en charge du dossier.
    Au même moment, Marc Bini quitte l’ile de Malte où il vivait reclus depuis une dizaine d’années sous une fausse identité. En phase terminale d’un cancer, il reprend contact avec sa sœur qui le croyait mort et débarque à Nîmes.

    Claude POUX Nazca

Le silence des sentinelles

2008 - Edition Bleu 47
Sélection finale Prix du Quai des Orfèvres 2008

La dernière seconde avant de mourir

2011 - Edition Bleu 47

NAZCA

2015 - Edition Bleu 47

« Mes impressions sont plus que bonnes, polar captivant où l’intrigue et le suspens sont présents jusqu’à la fin … style parfait, truffé de détails, des personnages attachants avec leur vécu, leur humanisme, leurs sentiments, leurs souffrances, leurs buts et leur destinée, ce n’est pas qu’un policier. »
Dominique B.

"j'ai découvert cet auteur au salon du livre d'Attignat, j'ai lu ce bouquin d'une traite, "la dernière seconde avant de mourir". Avant de me coucher, au petit dèj.. bref en 3 jours c'était fait. Super bouquin, je me suis plongé dans cette histoire et je regrette maintenant d'avoir fini, félicitations"
Pierre R.

"'J'ai vraiment adoré cette trilogie du début à la fin. Surtout Nazca qui donne le ton dès le début.. j'avoue j'ai eu du mal à imaginer le premier supplice puis tous les autres faits aux prostituées... insoutenable !
Des histoires tellement vraisemblables aussi ! le monde politique est noir, sombre, inhumain et tellement hypocrite...
Chacune des histoires était bien menée. J'ai tout vécu avec Sam, Franck et Bérénice, Tom et les autres. ."
Elizabeth P B

Parce qu’on a tous une histoire à raconter … (Claude Poux)

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